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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 octobre [1841], dimanche matin, 10 h. ¼

Je n’ai plus que deux mois et cinq jours…a [1]
Bonjour mon Toto chéri, bonjour mon amour adoré. Pourquoi n’êtes-vous revenu, vilain homme ? Vous savez pourtant bien que je vous aime de toute mon âme. Vous savez encore que j’ai votre pommadeb et rien de tout cela n’a pu vous décider à venir déjeuner avec moi, prodige de l’amour et de la chimie. Vous mériteriez bien que je flanquasse la pommadeb par la fenêtre et mon amour par n’importe quoi. Taisez-vous, vilain monstre, je vous ABOMINE. Je te l’arrangerai ton ROULEAU, affreux pÔlisson, apporte-le seulement à portée de ma griffe et tu verras quelle ébouriffade je lui administrerai, je ne te dis que ça. J’ai un mal de tête fou, il n’aurait dépendu que de vous que je ne l’aie pas mais bast, vous vous en fichez pas mal. Je vais copier tout à l’heure, ce sera toujours ça de fait pour l’avenir.
Je n’ai plus que deux mois et cinq jours pour avoir la plus jolie boîte à volets qu’il y ait sous la calotte des cieux. C’est consolant mais ça ne suffit pas pour me faire trouver court le temps de votre absence, et je donnerais volontiers tiroirs à tiroirs et volets à volets pour chaque minute de votre présence. Décidément, je vous aime trop. Baisez-moi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16347, f. 51-52
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) Cette phrase a visiblement été rajoutée au début de la lettre.
b) « pomade ».


24 octobre [1841], dimanche après-midi, 2 h. ¼

Mon cher petit bijou, j’ai votre pommadea, j’ai vos bottes, j’ai fini de copier et j’ai de l’amour pour vous plein le cœur. Vous voyez que vous n’avez pas de temps à perdre pour venir chercher tout ça, aussi je vous attends avec impatience et amour. Je n’ai plus que deux mois et cinq jours à attendre… J’ai toujours bien mal à la tête, mon adoré.
Je voudrais bien savoir si on donne Ruy Blas ce soir ? Probablement oui car je ne compte pas du tout sur le Frédérickb en cette occasion. Cetc homme est décidément aussi blaireux au moral qu’au physiqued et je ne lui en faisd pas mon compliment [2].
Je vous aime, mon Toto chéri. J’espère que j’ai bien travailléf ce matin ? Et vous savez à quelle heure je me suis couchée cette nuit ? 2 h. ½ du matin, rien que ça. Encore si je pouvais vous aider, avec quelle joie et quel bonheur je ne me coucherais pas du tout. Ce serait idéal mais vous ne voulez pas que je fasse vos livres, comme si je ne savais pas mieux que vous ce qu’il faut. En vérité, je vous le dis, vous êtes une bête. Taisez-vous.
Le temps me paraît un peu ressuyer mais je vous conseille cependant de venir mettre vos BAUTTES. À propos, je les ai payées ainsi que mes fameux brodequins de voyage, ce qui rend la bourse un peu CHESSE. Sur ce, baisez-moi et dépêchez-vous de venir. Je suis très pressée de vous baiser sur toutes les coutures et plus avant encore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16347, f. 53-54
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « pomade ».
b) « Frédéric ».
c) « C’est ».
d) « phisique ».
e) « fait ».
f) « travailler ».

Notes

[1Juliette parle d’une petite boîte à tiroirs qu’elle réclame depuis le début de l’année, et que Hugo a promis de lui offrir pour le nouvel an. Elle la recevra finalement en avance le 19 novembre.

[2Ruy Blas a été repris à la Porte-Saint-Martin le 11 août 1841, avec Frédérick-Lemaître et Raucourt, pour de nombreuses représentations. Or, il semblerait que Frédérick-Lemaître souffre régulièrement de rhumatismes qui l’empêchent parfois de jouer et Juliette ne croit pas une seconde à ces indispositions.

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