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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 6 octobre [18]79, lundi matin, 7 h.

Bonjour, je t’aime et vous ? That is the question dont mon cœur traduit ainsi la réponse : je t’aime. Tant pis si je trahis ton véritable sentiment.
Il fait un temps exquis encore ce matin, c’est grand dommage que nous ne puissions pas en profiter tantôt. Heureusement que c’est pour profiter de l’adorable bonté de Paul Meurice qui continue de vouloir mettre de l’ordre dans tes papiers, ce qui n’est pas une petite besogne par cet inextricable tohu-bohu de toutes sortes de choses. Une bonne nouvelle ! Un petit billet de Mme Lockroy datéa de Naples [1]. Les enfants vont bien et sont ravis du temps et du pays et leur mère de même. Lockroy va de mieux en très mieux et son médecin, M. Charcot, qui l’a vu pense que c’est un mieux définitif et qu’il rentrera à Paris tout à fait guéri. [Perrin  ?] doit aller les rejoindre. Mme Lockroy cherche une maison pour s’y installer pendant un mois afin d’y être plus à l’aise et moins cher qu’à l’hôtel. Elle regrette que tu ne sois pas là pour partager la joie de tes chers petits et pour prendre ta part de santé. Sa lettre, toute petite qu’elle est, contient beaucoup de vraie tendresse pour toi. Malheureusement tu te déplacesb difficilement et la saison, d’ailleurs, est trop avancée pour songer à céder à la tentation. Je le regrette pour toi, pour tes enfants, pour leur mère et pour moi qui aurais la chance, je l’espère, de partager un peu de ce grand bonheur. En attendant je me contente de celui que tu me donnes ici et dont je suis de plus en plus heureuse. Mme Edmond Adam m’écrit qu’elle viendra seule ce soir, Girardin n’ayant pas pu se dégager d’une invitation antérieure. Faute d’un moine l’abbaye ne manque pas et nous n’en dînerons pas moins de bon appétit et de belle humeur, j’en suis sûre. Je t’adore.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 238
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette

a) « datée ».
b) « déplace ».

Notes

[1Le 10 août, Lockroy, qui a épousé Alice Lehaene, veuve de Charles Hugo, en 1877, est parti pour l’Italie pour des raisons de santé. Le couple a emmené avec lui Jeanne et Georges, les deux petits-enfants de Victor Hugo, qui souffre beaucoup de cette absence.

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