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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 mars 1838

14 mars [1838], mercredi, midi ¾

Bonjour mon pauvre bien-aimé, bonjour, toi. Quand je vous le disais cette nuit que vous ne reviendriez pas, avais-je tort ? Je ne t’en veux pas cependant. Je t’aime de toutes les forces de mon âme. Je t’ai écrit une lettre bien désespérée et bien injuste hier au soir, je t’en demande pardon à deux genoux. Il est bien difficile de ne pas crier bien haut quand on souffre comme une damnée, aussi m’en suis-je donné tout mon saoul hier. Je voudrais savoir comment vont tes yeux, mon cher petit homme, cela m’a bien tourmentée toute la nuit, dormant ou veillant. J’en ai rêvé, mon cher adoré. Je rêvais que tu étais bien malade et que pour t’empêcher de travailler, je filais une belle quenouille de lin d’une blancheur éblouissante, surmontée d’un bouquet de plumes blanches ainsi qu’à mon fuseau, pendant que tu me disais des vers inédits de toi encore plus admirables et plus passionnés que ceux que je connais de toi, des vers comme dans les rêves, et puis tout s’esta gâté et je me suis réveillée avec un serrement de cœur atroce... J’ai une manière d’expliquer mon activité de cette nuit qui ne te plaira pas et que je ne te dirai pas pour ne pas t’affliger, mais sois sûr, mon adoré, que tu es aimé par moi plus que tu ne m’aimes car je n’ai que toi dans le cœur. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 154-155
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain
[Souchon]

a) « c’est ».

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