19 octobre 1837

19 octobre [1837], jeudi après-midi, 2 h.

Je vous écris, mon cher petit homme, en proie au mal de tête le plus violent, parce que je suis sûre que toutes les bonnes pensées qui accourent en foule quand je m’occupe de vous chasseront à grands coups de pied^a la hideuse migraine qui depuis hier s’est^b logée dans ma cervelle. Je vous assure que c’est un remède toujours infaillible et je vous engage à y avoir recours quand par hasard l’intrigante – je parle de la migraine – se faufile chez vous. Je voudrais bien que tu casses un billet pour M^me K [1]. En même temps tu me dirais quel est le mode de paiement que tu veux employer pour la flanelle. Jour mon cher petit o. Oui vous êtes beau, oui je vous aime, oui vos enfants sont ravissants, oui je voudrais avoir leurs portraits à tous, pour aimer dans celle-là vos yeux, dans celui-ci votre belle bouche et votre charmant nez, dans l’autre votre beau front et vos fins cheveux et enfin dans la dernière tout l’ensemble parfait de votre noble et rayonnante figure. C’est une surprise que vous devriez me faire pour mes étrennes et dont je vous remercierais par plus d’amour s’il en est encore dans le ciel que je n’ai pas pris. Je t’attends mon Victor adoré. Je t’aime de toutes les puissances de mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16331, f. 289-290
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

a) « pieds ».
b) « c’est ».