20 septembre 1867

Bruxelles, 20 septembre [18]67, vendredi, 8 h. ½ du m[atin]

Cher adoré, j’ai bien peur que ta nuit n’ait pas été à l’unisson de la mienne qui a été excellente en dépit de tous mes bobos. Tu paraissais si soucieux hier au soir que je crains que ta nuit ne s’en soit ressentie et cela me tourmente. Tant que je ne t’aurai pas revu, il me sera impossible d’être gaie et tranquille. Tâche que ce soit le plus tôt possible. Je ne sais pas ce que sera le temps tantôt mais pour le moment, il fait très sombre et très froid.
Tu ne m’as pas dit comment ta femme s’était trouvée de sa promenade hier, mais j’ai remarqué qu’elle demandait du feu à Marianne en arrivant chez elle et je l’ai approuvée intérieurement, car il faisait très humide. Moi-même, j’en aurais fait autant ici si les cheminées étaient en place. Je me suis contentée de frictionner mes Fraîcheurs et de distiller ma petite goutte, et je ne m’en porte pas plus mal ce matin. Tel est mon caractère. À propos, je rêvais au spectacle demain à moins que tu ne préfères que je reste chez moi, ce qui m’est très facile. Pourvu que je ne dérange en rien les habitudes spectaclardes des bons Berru, tout est bien. Si tu penses au contraire que je ferai bien d’aller avec eux à Barbe-Bleue [1], je les inviterai à dîner avec moi demain. Dans l’un ou l’autre cas, je suis contente d’avance et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16388, f. 232
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette