28 septembre [1837], jeudi matin, 9 h. ½
Bonjour mon cher petit homme chéri. Vous ne voulez pas que l’anniversaire de notre retour soit jamais heureux [1]. C’est pour cela que les mercredis ne vous voient jamais passer la nuit avec votre pauvre Juju qui est déjà bien assez vexée d’être revenue si tôt sans y ajouter même cette privation. Je voudrais bien que vous vinssiez déjeuner avec moi ce matin. J’aurais plus de courage pour passer la journée, mais vous ne viendrez pas vieux loup, c’est bien trop sûr. Je vais prendre un bain tout à l’heure et je ne vous demande pas à venir m’en retirer à eaux de Claire [2] et puis d’ailleurs je sais que cela répugne à vos principes de pudeur.
Il fait bien beau aujourd’hui. Faut-il que cette Mme Lanvin nous tienne le bec dans l’eau et nous empêche de sortir pour rien. Cette pauvre petite fille aura eu après tout de maigres vacances et tout cela à cause de M. Pradier qui ne sait pas s’arranger [3]. Décidément, j’ai beaucoup de sujets de mécontentement. Et si je ne vous aimais pas comme je le fais, je ne sais pas ce que je deviendrais. Mais aussi c’est que je t’aime de toute mon âme et de toutes mes forces, et tous les jours davantage. Jour pa, jour man. Je vous attends comme plusieurs Lionnes. Je vous aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16331, f. 217-218
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein