Bruxelles, 8 octobre [18]67, mardi midi ¾
Je vais de mieux en mieux, mon cher bien-aimé, et je suis sûre, en m’appliquant bien, d’être en état de partir jeudi. De ton côté, mon cher petit affairé, prépare tes clics et tes clacs de manière à ne pas encore ajourner ce départ tant de fois contremandé par toi, par moi, par tous et par tout. J’attends ta malle et tes zardes pour pouvoir me mettre utilement à la besogne. Je voudrais pouvoir m’en aller sur le velours d’une bonne demi-journéea inoccupée et reposée.
J’ai passé une meilleure nuit que les deux précédentes mais pas encore entièrement sans toux. À présent je vais bien et je me sens d’humeur à être tout à fait guérie d’ici à jeudi.
Je viens d’avoir la visite des excellents Berru. J’ai prié en même temps Mme Berru de t’acheter six paires de manchettes en laine rouge pour fermer tes gilets de flanelle, plus pour 4 à 5 francs de pain d’épice, comme tu l’aimes. Suzanne, qui l’accompagne, rapportera tout cela. J’ai promis, si le temps était beau et si mon rhume va bien, d’aller passer la soirée avec eux aujourd’hui. Bien entendu, si tu le crois possible et raisonnable. Cela dit, je te souris, je t’aime, je t’attends et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 247
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « une bonne demie journée ».