Guernesey, 1er décembre 1862, 1 h. après midi
Je serai prête de bonne heure aujourd’hui, mon cher petit homme ; il ne tiendra donc qu’à toi que nous profitions du beau soleil tout à l’heure. Cela ne m’arrive pas souvent de te mettre au pied de ce mur-là, mais dès que l’occasion s’en présente je la saisis avec emportement, comme tu vois. Du reste il fait un temps à manger tout cru et qui vous fait venir la promenade à la bouche. Cela m’obligera à écrire aujourd’hui même pour mon chapeau et pour mon manteau, car je ne peux vraiment plus sortir avec les miens en plein vent et en plein soleil comme aujourd’hui. Le chodruclotisme [1] a ses limites et ses pudeurs qu’on ne peut pas franchir, même DANS UNE ILE. Cela dit, je reviens à mon mouton que je voudrais envoyer paître à même votre cœur et je vous assomme de tendresse. C’est à vous de vous défendre, tant pis.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 256
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
[Blewer]