Guernesey, 9 juillet 1862, mercredi, 7 h. du m[atin]
Bonjour mon cher petit homme bonjour, dormez, je vous aime. J’espère que tu as passé une good nuit et c’est ce qui me donne l’entrain de te sourire dès le matin. Je voudrais pour beaucoup que le temps se mît au beau fixe pour que tu puisses reprendre tes habitudes de promenades, dont moi-même je profiterais chaque fois que tu voudrais bien m’emmener. Malheureusement je ne vois pas qu’il se déride et qu’il s’humanise du tout, ce chien de temps. Ce matin encore il est tout engrimacé et très peu rassurant, et je crois qu’il va pleuvoir et repleuvoir à présent et indéfiniment. Cela me serait à peu près égal, si je ne savais pas combien ta santé a besoin d’exercice, de grand air et de soleil. Ce n’est pourtant pas une raison pour te faire une scie barométrique de ma sollicitude et pour te traverser d’ennui à versea. Aussi, mon cher petit homme, je reviens à mon amour, ne pas lire mon mouton, et je te supplie de te bien porter, quels que soientb le temps et les circonstances et de m’aimer un peu en échange de tout mon cœur et de toute mon âme.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 185
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
a) « averse ».
b) « quelque soit ».