Guernesey, 17 juin 1862, mardi matin, 7 h. ½
Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour de toutes les forces de mon âme, bonjour. Que Dieu te conservea en santé, en bonheur et en gloire autant que je t’aime. Pour cela je suis prête à tout faire. S’il faut aller à Jersey ou ailleurs me voilà [1]. L’air respirable pour moi c’est ta présence. Partout où tu es, je vis et je suis heureuse. Ainsi ne te préoccupe pas de moi en cette occasion mais de toi. Saches du médecin ce qu’il y a d’urgent pour ta santé dans le plus ou le moins de promptitude à ton déplacement. Quant à moi, mon adoré, je te le répète du fond du cœur, je suis et serai toujours prête à te suivre partout où il te plaira d’aller. J’espère que tu as passé une bonne nuit, aussi bonne que la mienne qui a été excellente, et je souhaite que toute la journée soit pour toi une satisfaction de tout extérieurement et intérieurement. En attendant ta chère petite visite du matin, je prépare déjà mes petites joies de ce soir, en regrettant que ton cher petit Toto n’en soit pas. Si le Quesnard n’est pas trop paresseux nous pourrons faire une good petite promenade après le dîner. Il fait un temps ravissant ce matin, qui se continuera, je l’espère, toute la journée. Jusque là, mon doux adoré, je t’aime, je te souris, je te bénis et je t’adore. Sois heureux dans tous ceux que tu aimes.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 154
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
a) « conserves ».