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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 9 avril 1862, mercredi matin, 7 h. ½

Bonjour, mon tout grand adoré, bonjour dans ta gloire et dans mon amour, bonjour. Quelle quea soit la somme d’admiration que l’humanité intelligente te donne, mon divin bien-aimé, mon cœur aura toujours de quoi la dépasser. C’est ce qui fait ma force et mon orgueil.
Quel succès, mon grand bien-aimé !!! Mais aussi quel livre !!!!!!!!!b
GRAND ROI CESSE DE TRIOMPHER OU JE CESSE DE… LIRE [1] car les montagnes de journauxc dépassent de beaucoup les 24 heures de la journée et je n’ai pas encore pu y jeterd un coup d’œil et plus de la moitié encore est restée chez toi et cela ne fait que commencer… !!!e
J’en suis à souhaiter qu’il fasse un temps de chien pour pouvoir grignoter un peu de toutes ces admirations dans mon coin. Mais sortir avec toi par un bon soleil, c’est encore meilleur. Je suis l’ânesse de ce Buridan [2] qu’on appelle l’amour et mon cœur voudrait manger à la fois les deux picotins du bonheur et de la curiosité. TELLE EST ma goinfrerie. En attendant que le bon Dieu décide quelle sera ma ration de joie aujourd’hui, je voudrais savoir si tu as passé une bonne nuit et si tu te portes bien et si tu m’aimes. Trois questions auxquelles pour mon propre compte je réponds : bien, très bien, fameux !

BnF, Mss, NAF 16383, f. 88
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

a) « Quelque ».
b) « quel livre » suivi de dix « ! » occupe la ligne entière.
c) « journeaux ».
d) « jetter ».
e) « ne fait que commencer » suivi de plusieurs points de suspension et de trois « ! » occupe une ligne entière.

Notes

[1Boileau s’adressant à Louis XIV : « Grand Roi, cesse de vaincre ou je cesse d’écrire. » (Épîtres, VIII.)

[2Allusion au « paradoxe de l’âne », légende attribuée au philosophe Jean Buridan selon laquelle un âne serait mort de faim et de soif, faute de pouvoir choisir entre son picotin d’avoine et son seau d’eau fraîche.

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