Guernesey, 12 mars 1862, mercredi matin, 7 h. ½
Bonjour, mon cher petit homme, bonjour, c’est-à-dire tout ce que mon cœur contient d’amour et de tendre sollicitude, bonjour. J’espère que tu as bien dormi et que toute ta santé est en bon état ce matin ? Quant à moi, j’ai passé une excellente nuit et je me porte joyeusement ce matin. Tout cela malgré la fameuse tasse de thé d’hier soir qui devait me faire gigoter toute la nuit. Ce que c’est que le préjugé ! À propos de préjugé, tu feras peut-être bien, ainsi que toute ta maisonnée, de vous tenir en garde contre le voisinage de miss Allix, ta femme ayant pris pied dans la même maison qu’elle et dans le même appartement, car il y a un escalier de service de l’appartement de Mlle A. au rez-de-chaussée avec celui de ta femme au premier, rue de Verneuil n° 6. Je le sais parce que j’ai son adresse écrite sur mon livre et qu’elle m’a fait plusieurs fois la description de ce logis disant que la porte de communication, condamnée pour le moment, pourrait se rouvrir à l’occasion. L’occasion peut et doit être venue avec l’arrivée de ta femme probablement. C’est à vous à faire en sorte qu’elle ne puisse pas profiter de vos épanchements pour monter la tête du bon Charles. Ce que j’en dis est dans l’intérêt général. MAINTENANT, C’EST À TA SAGESSE À AGIR. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16383, f. 64
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette