Paris, 14 juin 1882, mercredi matin, 8 h.
Tu fais bien, mon cher bien-aimé, de te tenir chaudement dans ton lit car il fait un temps de loup ce matin et c’est presque avec l’onglée aux doigts que je te gribouille ma restitus en attendant que mon feu soit allumé. Comme compensation il ne pleut pas ce qui est plus gai ; À propos de gaîté, mon cher petit homme, il faut que tu diriges ta promenade tantôt jusqu’à l’atelier de Glaize car sa dernière partie de plafond part demain pour Rouen où il l’accompagnera, lui, Léon Glaize [1] ; aujourd’hui est le dernier jour de son exposition. Mais je te dis là des choses bien inutiles puisque tu ne lis pas mes gribouillis et puisque tu ne tiens aucun compte de mes paroles. Je ferais mieux de garder ma langue pour manger des choux et de laisser ma plume en repos. Le hic c’est de ne pouvoir pas y mettre aussi son cœur en repos au lieu de le laisser battre pour un MÔSIEUR qui s’en bat l’œil.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 112
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette