Paris, 13 juin 1882, mardi matin, 8 h.
Il me semble, mon cher bien-aimé, que, comme moi, tu n’as pas à te plaindre de ta nuit. Cela étant il faut que notre journée marche de conserve dans le même sens ainsi que nos âmes indissolublement liées l’une à l’autre. Tu as reçu réponse empressée à toutes les lettres d’invitation que je te porterai tantôt. Je te remettrai en même temps la lettre d’avis de la compagnie d’assurance sur la vie La Nationale qui te prie de lui faire savoir tout de suite si tu préfères toucher présentement ta part des bénéfices montant à 2.487 francs sur la présentation de ta police d’assurance ou laisser cumuler cette somme jusqu’à ton décès. That is the question que toi seul peux résoudre. J’ai reçu de mon côté une lettre de la mère Morvan qui me mande que les planches de la boiserie des côtés de la cheminée de la salle verte sont pourries par l’humidité et tombent en lambeaux. Elle me prie de lui dire s’il faut les remplacer et demander son devis à Valpied pour décider avec connaissance de cause avant de rien commander. Tu me diras ce qu’il faut que je réponde. N’oublie pas que tu as séance à deux heures au Sénat et visite à l’atelier de Léon Glaize [1]. Et pense à m’aimer, moi qui t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 111
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette