Paris, 10 juin 1882, samedi matin, 10 h.
Cher bien-aimé, tu ne m’as pas sentiea quand je t’ai embrassé ce matin tant tu dormais profondément et paisiblement. Cela m’a été d’autant plus doux que je sais combien tu t’es surmené tousb ces temps-ci. Tout de suite en te quittant j’ai fait mettre à la poste cinq lettres des six que tu m’avais laissées pour cela. La sixième, celle de M. Canivetc, je l’ai forcément réservée, ne sachant à quelle adresse l’envoyer. Je compte que Lockroy pourra me tirer d’embarras quand je le verrai à déjeuner. Quant à toi, mon grand adoré, il te reste encore, et surtout, la lettre pour le pauvre Pelleport [1] que tout le monde attend pour faire paraître son livre. Tâche de la donner aujourd’hui, sa pauvre mère t’en sera bien reconnaissante et tous ses amis aussi. Cher adoré, je te souris et je te bénis de tout mon cœur et de toute mon âme.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 109
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « senti ».
b) « tout ».
c) « Cannivet ».