Paris, 18 mars 1882, samedi matin, 7 h.
Cher bien-aimé, les nuits se suivent et ne se ressemblent pas, témoin celle que je viens de passer comparée à la précédente. Mais, peu importe, puisqu’après tout je t’aime de toute mon âme à toutea heure du jour et de la nuit bonneb ou mauvaise. Mon estomac apaiséc pendant deux jours s’est repris de crampes et de vomissements cette nuit [1]. Aussi je suis à quia [2] ce matin. J’espère que je reprendrai courage à la vie d’ici au moment où je te reverrai. En attendant, dors, mon grand petit homme, tâche de combler de sommeil les lacunes de ton insomnie. Il fait un temps de plus en plus splendide et les arbres poussent littéralement à vue d’œil. Tu as séance au Sénat à deux heures ; toujours pour la question de l’instruction primaire obligatoire. J’ai reçu le devis du linge que j’ai choisi pour toi aux Magasins du Louvre [3]. J’en ai vérifié l’exactitude et contrôlé le total qui se monte, tout compris, façon marques et blanchissage à 1,524 F. 25. Tu dois faire savoir aujourd’hui même aux susdits magasins si tu confirmes cette commande faite pour toi et toute marquée à ton nom. Moi je ne suis que ta mandataire, comme il sied quandd on se fait honneur, comme moi, d’être ta très humble, très fidèle et très dévouée servante.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 30
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « tout ».
b) « bon ».
c) « appaisé ».
d) « quant ».