Guernesey, 22 mars [18]63, dimanche, midi ¾
Il faut bien t’habituer un peu, mon pauvre doux adoré, aux fluctuations fréquentes de ma santé qui, sans être mauvaise, est variable et capricieuse comme la saison où nous sommes dans ce moment-ci souffre un peu mais il est plus que probable qu’il n’y paraîtra plus ce soir. La joie d’être avec toi opère invinciblement ce miracle et j’y compte aujourd’hui plus que jamais. Les Duverdier viennent de me faire savoir par la Charlotte de Kesler qu’ils acceptent mon invitation à dîner pour ce soir. J’espère qu’il y aura suffisamment de quoi manger malgré le laconisme de mon MENU. À propos de laconisme je ne veux pas me donner la peine de recommencer ma lettre à ma cousine, je me contenterai d’y ajouter un post scriptuma explicatif c’est bien suffisant. Il faudra bien qu’elle se décide à me répondre. En attendant je t’aime comme si je n’avais que cela à faire et je te souris malgré tous les tiraillements de mes stupides bobos. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF, 16384, f. 76
Transcription de Chantal Brière
a) « postcriptum ».