Guernesey, 16 janv[ier] 1863, vendredi, 1 h. après midi
Il ne fait pas pour moi encore aujourd’hui un temps à pouvoir sortir, mon cher petit homme, parce que je tiens à me débarrasser tout à fait de mon rhume le plus tôt possible sans compter que maintenant ton bras est légitimement réclamé par une ayantE droit plus autorisée que moi [1]. Il s’agit donc pour moi de ne pas me jeter au travers de cette reprise de possession. Aussi j’attendrai pour sortir avec toi que les jours soient devenus assez longs pour que tu puissesa les partager quelques fois avec moi. Jusque là, je me tiendrai coi le plus possible dans mon petit coin. Je te dis cela du fond de mon cœur et avec toute la tendresse de mon âme et sans la moindre mauvaise pensée car tu es mon généreux homme adoré. Je veux que tout le monde autour de toi t’aime, te bénisse et soit heureux comme moi-même, c’est pour cela que je te supplie de ne pas me ménager et d’être à tout et à tous le plus que tu pourras.
BnF, Mss, NAF 16378, f. 12
Transcription de Chantal Brière
a) « tu puisse ».