Paris, 2 juin [18]79, lundi matin, 8 h. ½
Vivat ! hep ! hep ! hep ! Bravo !… sur toute la ligne, mon doux adoré, puisque tu as passé une very good, excellentissime nuit. Moi aussi j’ai très bien dormi et il me semble que je suis disposée à renfourcher le dada de la vie… jusqu’à ce que mort s’en suive, dirait le philosophe Calino [1]. Je t’ai mis de côté les lettres de Schoenewerk [2] et celle de Voillemot, celle du sénateur Combescure [3] qui a à te remettre, en main propre, la somme de cent trente francs produit d’un concert donné au bénéfice des amnistiés par un groupe de jeunes républicains de Pézenas (Hérault) de sa commune. Ce dont il est fier et heureux, dit-il, puisqu’elle lui permet de constater que, malgré la misère qui règne dans cette petitea ville, ses jeunes compatriotes n’oublient pas leurs frères dont la misère est plus grande encore. Suit l’assurance de ses sentiments respectueux au maître illustre.
Autre guitare : cabinet du Président du Sénat : le Président du Sénat prie Monsieur Victor Hugo sénateur de lui faire l’honneur de venir dîner chez lui le samedi 14 juin à sept heures. R.S.V.P.
Je ne parle pas d’autres lettres qui sont arriérées et auxquelles tu devrais répondre. Maintenant, mon grand bien-aimé, que j’ai bourdonné autour de ton coche, je reviens à ma vieille scie bien rouillée, bien ébréchée, bien détraquée par le trop long usage que j’en ai fait depuis le premier jour où je t’ai aimé jusqu’à celui-ci où je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 139
Transcription de Chantal Brière
a) « petit ».