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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 22 octobre 1858, vendredi, 8 h. du m[atin]

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, mon bon petit homme, bonjour. Comment as-tu passé la nuit ? Meilleure que l’autre, j’espère ? Et ta jambe, comment va-t-elle ce matin ? Est-elle tout à fait calmée et dégagée ? Je n’ose pas l’espérer parce que je crois que c’est une affaire de temps. Heureusement, cela ne t’empêche pas de marcher et surtout d’être bien bon et bien adorable là où tout le monde serait mauvais et irascible. Va, je sens bien tout ce que tu répandsa de bontés, de douceur, d’indulgence, de patience, et de générosité autour de toi et sur moi en particulier. Je ne saurais pas t’en remercier mais je t’en aime jusque dans le plus profond de mon âme. Aussi, ce ne sont plus des caresses que je te fais maintenant, ce sont des actions de grâce que je te rends et des hymnes d’admiration et d’adoration que mon âme chante religieusement au fond de moi-même. Mon Victor bien-aimé, je te bénis. Il fait encore bien beau ce matin, le vent excepté, quoique tu l’aimes beaucoup comme effet pittoresque, mais que je redoute comme réfrigérant et comme irritant. Cependant, j’espère qu’il ne nous empêchera pas d’aller à la chasse aux MIREUX [1] tantôt. Il est vrai que vous n’en êtesb plus très pressé maintenant que vous en avez tout votre SOU et qu’il vous faudrait partager avec moi.

Bnf, Mss, NAF16379, f. 298
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « répand ».
b) « n’en n’êtes ».


Guernesey, 22 octobre 1858, vendredi, 8 h. ½ du m[atin]

Je disais donc que vous ne me paraissiez pas très pressé de courir aux mireux [2] avec moi, mon cher petit accapareur, mais plutôt que de vous laisser échapper une bonne occasion, si c’en est une, ce que je ne sais pas, je vous y laisserai aller tout seul et je vous donnerai l’adresse de la bonne femme tantôt. En attendant, il manque seize sous sur l’argent que j’avais emporté hier. Il est probable que tu les auras pris sans t’en apercevoir hier parmi tous ces mélis-mélos de comptes et d’argents chez Ozanne. Du reste, il te sera peut-être possible de t’en rendre compte si tu savais ce que tu avais dans ta bourse. Dans tous les cas, je supporterai ma perte stoïquement, c’est ce que j’aurai de mieux à faire. Je ne sais pas si tu penseras aujourd’hui à me donner de la nouvelle COPIRE mais moi je te ferai souvenir que tu as à écrire à Jules Simon. En attendant, je te gribouille mes tendresses sous un vent qui ne me laisse pas une minute de repos. Je me hâte de te baiser entre deux bourrasques.

Bnf, Mss, NAF16379, f. 299
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Mireux : Miroir, en guernesiais.

[2Mireux : miroir, en guernesiais.

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