Mardi, 5 h. ½a
Voici encore l’heure à laquelle j’espérais te voir passer – Combien d’heures comme celle-ci sont retombées sur mon cœur – Oh ! je suis bien triste – bien découragée. Je souffre plus qu’il n’est permis de souffrir – J’ai vu Jourdain aujourd’hui. Je l’ai trouvé plus défiant et plus inquiet que je ne le craignais. Encore une chance de moins pour nous – D’un autre côté, les créanciers sont plus exigeants que jamais pour la raison qu’ils ont beaucoup attendub – Enfin le terme dans huit jours – Tout cela m’agace, m’effraie – et pour couronner ces tourments de tous genres – ton absence – ton absence qui ressemblerait à un abandon – si je ne te connaissais bon et honnête. Pauvre ami, je suis bien à plaindre – bien malheureuse – Voilà pour le présent – et l’avenir est encore plus menaçant et plus sombre – Mon Dieu – que vais-je devenir ? Je suis folle –
Je t’aime, je t’aime. Aiec pitié de moi – Je t’aime.
Juliette
Je t’attendrai jusqu’à 9 h.
[Adresse]
Pr mon bien-aimé
BnF, Mss, NAF 16322, f. 113-114
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Guimbaud, Souchon]
a) Paul Souchon date cette lettre, sans certitude, du 8 juillet 1834. On ne voit pas quel argument permet cette datation conjecturale.
b) « attendus ».
c) « aies ».