Paris, 26 mars [18]79, mercredi matin, 9 h.
Cher bien-aimé, je craignais que la fatigue de la répétition [1] d’hier ne te donnât une recrudescence d’agitation et d’insomnie ; mais, Mariette, qui se prétend au courant de ta nuit, dit que tu l’as passée comme à l’ordinaire moitié veille et moitié sommeil. Ça n’est pas précisément l’idéal du pionçage que je voudrais pour toi mais enfin il faut se contenter de cet à peu-près pour aujourd’hui. Jusqu’à présent tu n’as pas reçu de billet de répétition pour tantôt. Peut-être te regarde-t-on comme suffisamment averti comme cela. Quant à L’Officiel [2] et au Sénat, aucune nouvelle mais il est de tradition qu’aucune des chambres ne siègea le mercredi. Mme Chenay t’a écrit pour te féliciter du nouveau prodigieux succès de La Pitié suprême, elle te prie de la lui donner et elle te fait souvenir que c’est bientôt le 1er avril. En même temps elle t’apprend une nouvelle triste : la pauvre Mme Corbin [3] est morte il y a quelques jours, je le regrette c’était une brave et honnête personne. Je t’adore, garde-moi encore longtemps auprès de toi.
[Adresse :]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 83
Transcription de Chantal Brière
a) « siègent ».