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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 juin 1837

8 juin [1837], jeudi matin, 9 h. 

Bonjour mon cher petit Gascon [1], bonjour. Je vais prendre un bain tout à l’heure. Ça ne me fait rien puisque vous ne venez ni jour, ni nuit, ou si peu que ce n’est pas la peine de le dire. Je trouve qu’il fait bien froid ce matin. Je ne sais pas si c’est que je suis mal disposée, mais j’ai bien froid. – « Humble il bénit ce Dieu lointain [2] ». Puisque vous tenez à mettre fidèlement ce que vous avez écrit dans votre première inspiration, je vous le copie afin que vous vous en souveniez. Je t’aime mon petit Toto. Mais cela ne me suffit pas. Il faut encore que je te voie et que je vive quelques heures dans la semaine, n’est-ce pas que c’est triste mon Toto ? N’est-ce pas que j’ai raison ? Je suis triste comme un bonnet de nuit. Je suis aussi contrariée d’être forcée de renvoyer cette bonne et cependant je ne demanderais pas mieux que de la garder si elle manifestait le moindre regret de sa grossièreté. Dieu que la vie est embêtante quand il n’y a pas, en guise de morceau de sucre, quelques jours de bonheur pour la faire couler. Je te l’ai déjà dit mon cher bien-aimé, je suis triste ce matin, très triste. Ça tient à ce que je t’aime trop. Ton absence me paraît un malheur, le plus grand qui puisse m’arriver, et tu sais si j’ai souvent sujet de me croire malheureuse de ce côté-là. Je t’aime mon Toto.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16330, f. 275-276
Transcription de Sylviane Robardey-Eppstein

Notes

[1La veille au soir, en effet, Juliette n’osait espérer que Victor Hugo tiendrait la promesse qu’il lui avait faite de venir la voir. Promesse de Gascon, donc…

[2Vers tiré de « Dieu est toujours là » dans Les Voix intérieures dont Hugo est en train de relire les épreuves. Le démonstratif ici souligné laisse à penser qu’il avait été remplacé dans une version intermédiaire, du fait de Hugo lui-même ou d’une erreur de copie imputable à Juliette. À noter que l’édition donne une virgule après l’adjectif en apposition, contrairement à Juliette.

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