Guernesey, 7 septembre 1878, samedi matin, 6 h.
J’espère et j’attends de bonnes nouvelles de ta nuit, mon bien trop aimé, pour en faire la joie de ma journée. En attendant je te donne mon bonjour le plus tendre et le plus souriant malgré la tristesse de cette matinée pluvieuse. Je t’enverrai tantôt la monnaie entière de ton billet de mille francs. Tu pourras, séance tenante, satisfaire Mme Alice et moi-même qui n’ai plus d’argent depuis avant-hier, ce qui est cause que je dois 55 [F. ? sous ? centimes ?] à Rosalie. Je crois que tu feras bien de répondre un petit mot amical à Camille Sée qui t’a écrit une si charmante et si respectueuse lettre que tu as mise dans ta poche devant moi. J’espère que le courrier d’aujourd’hui t’apportera de bonnes nouvelles de Vacquerie et de Meurice ainsi que de ce pauvre Lockroy dont la triste santé inquiète sa femme. Il serait à désirer qu’il pût revenir ici en même temps que Paul Meurice. Tout le monde y gagnerait en santé, en joie et en bonheur. Moi-même je profiterais de te savoir heureux au milieu de tous ceux que tu aimes et dont tu es aimé. Moi je t’adore.
MVHP, Ms, a9172
Transcription de Michèle Bertaux et Joëlle Roubine