Paris, 10 juin [18]78, lundi soir, 7 h. ½
Cher bien-aimé, il m’est moins douloureux de m’avouer injuste et méchante que de croire que tu peux avoir un tort de cœur envers moi. C’est très égoïste mais c’est aussi très tendre, voilà pourquoi, tout en regrettant le petit nuage noir qui a passé sur notre douce petite promenade tantôt, je te souris, je te bénis et je suis bien heureuse. Je mets ma restitus au galop afin d’arriver à mon but : ton cœur, avant l’entrée de nos invités que j’entends déjà sonner. J’espère, mon cher grand homme, te prouver bientôt l’honnêteté de ma gestion par livres, sous et deniers. D’autres pourronta mieux faire mais pas plus honnêtement, je m’en vante. Encore un peu de patience et je te mettrai sous les yeux mois par mois les comptes de la dépense. En attendant je te prie de ne pas plus faire danser ton cœur pour d’autres que pour moi, pas plus que moi l’anse de ton panier [1].
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 153
Transcription de Chantal Brière
a) « pourrons ».