Paris, 6 juin [18]78, jeudi midi
Cher grand et sublime justicier, ta lettre à Dupanloup est d’un effet formidable et écrasant [1]. Impossible d’être plus puissamment dédaigneux, plus sereinement honnête et plus souverainement terrible et plus délibérément sublime que cette lettre altière et laconique. Cher adoré, je n’ai pas l’art de parler et d’écrire comme le veut la grammaire mais mon cœur, comme mon âme, savent t’admirer et t’adorer dans ton œuvre et dans ta personne avec une perfection que personne sur la terre ni au ciel ne peut dépasser. Cette syntaxe vaut bien l’autre n’est-ce pas ? Le bon Boulet qui m’a coiffée ce matin est dans un enthousiasme délirant et tous ceux qui lisent Le Rappel [2] en attendant leur tour de barbe chez lui le sont encore plus à ce qu’il dit. Ce que je n’ai pas de peine à croire à en juger d’après moi qui ne t’ai jamais plus admiré et plus adoré qu’en ce moment-ci. Sois béni.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 149
Transcription de Chantal Brière
[Blewer]