Paris, 7 avril [18]78, dimanche matin, 8 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, je t’adore, je te souris et je te bénis. Me voici déjà sur la brèche donnant l’assaut à la journée qui sera, je l’espère, meilleure pour moi que celle d’hier. Je constate déjà une amélioration dans l’absence de lettres ce matin ; jusqu’à présent il n’est venu que le service des journauxa quotidiens. Il dépendra de toi de déjeuner galamment tantôt en tiers entre Mme Lockroy et moi, ce serait une suprême compensation à notre tête-à-tête en l’absence des enfants et de Lockroy. Mais je n’ose pas m’y fier car la [fée Inspiration ?] est une femelle qui ne te laisse aucun répit à mon grand regret et déplaisir. Il est probable que nous saurons ce soir quand passera la pièce [1] de Paul Meurice et s’il espère que tu iras à la première représentation. Dans le doute je m’abstiens de faire aucune invitation à dîner. Je te renouvelle la scie de ton papier à corriger lequel me gêne mêlé à mes comptes courants. Tu serais bien gentil de m’en débarrasserb le plus tôt possible. En attendant, je regarde le soleil qui poudroie, mon cœur qui verdoie et mes oiseaux qui chantoientc et je t’adore de toute mon âme.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 94
Transcription de Chantal Brière
a) « journeaux ».
b) « débarasser ».
c) « chantoie ».