Paris, 17 janvier [18]78, jeudi soir
Cher bien-aimé, je comprends ta fatigue d’une journée passée à rien faire quand tu as tant à travailler et je partage ton agacement chaque fois qu’il faut que tu ailles perdre ton temps à Versailles. Il est vraiment déplorable qu’on ne puisse pas savoir d’avance quand ta présence est utile. À en juger par ce que j’en connais depuis que tu appartiens à ce triste Sénat tu pourrais te dispenser 19 fois sur 20 de te déranger de chez toi. Heureusement il faisait assez beau aujourd’hui et tu auras pu en profiter pour respirer un peu l’air de la campagne. J’espère cependant que tu ne seras pas forcé d’y retourner demain. Je viens de copier la lettre de ce brave conducteur des tramways de la ligne de l’Étoile [1], laquelle lettre fourmille de fautes d’orthographea plus grosses les unes que les autres. Le Rappel [2] fera bien d’y veiller quand il l’imprimera. Je ne sais pas si tu as répondu déjà à Mme Weldon mais je t’y fais penser dans tous les cas parce qu’il est utile que tu lui écrives ne fût-ceb que par courtoisie. Tu as une montagne de lettres intéressantes en souffrance auxquelles Lesclide pourrait peut-être accuser réception. Enfin, mon pauvre bien-aimé, à défaut d’autre service je fais fonction de mémento en même temps que je t’adore.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 14
Transcription de Chantal Brière
a) « orthographes ».
b) « fusse ».