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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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6 août 1856

Guernesey, 6 août 1856, mercredi matin, 8 h.

Bonjour, vous, que j’aime trop, bonjour, toi, que j’adore, bonjour. Mon embêtement sterling touche-t-il enfin à sa fina et puis-je espérer t’avoir pour dîner aujourd’hui ? Je n’ose pas me livrer d’avance à la joie car je crains trop quelque nouveau désappointement. J’ai bien assez de l’ennui qui pèse sur moi depuis quatre grands jours sans y ajouter une ironique déception. Du reste, tu dois savoir à quoi t’en tenir, toi, sur le plus ou moins de réalité du départ de ces deux péronnelles de plumes [1] dont les mœurs sont plus légères que le style à coup sûr. Quant à moi, je ne sais rien que mon désir et mon besoin de te revoir, ce qui ne m’avance pas à grand chose. J’ai entendu vos cris et vos rires hier au soir et vu vos silhouettes mêlées aux tuyaux de cheminée, mais le jour était trop bas pour que je puisse distinguer la vôtre de silhouette, entre toutes les autres plus ou moins biscornues. J’espérais qu’il vous serait facile de vous esbigner quelques instants pour venir me voir et je vous ai attendu dans cette conviction jusqu’à dix heures moins un quart mais j’en ai été pour mes frais de chandelle, de patience et d’amour, ce qui ne m’a pas fait rire comme une bossue, je vous assure. Je continue d’avoir l’oreille au niveau de la cheville, dans l’incertitude où je suis de mon sort. Vous seriez bien gentil de venir me dire sur quel pied ma journée doit danser aujourd’hui pour que je règle ma joie ou ma bisque d’après ce renseignement. En attendant, je me permets de vous aimer comme une bienheureuse que je pourrais être si vous le vouliez.

Juliette

Bnf, Mss, NAF 16377, f. 209
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette

a) « fins ».

Notes

[1Louise Colet et à sa fille, en visite à Guernesey.

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