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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 11 janvier [18]71, mercredi soir, 3 h.

Comment la nuit, mon cher bien-aimé, et comment la journée ? Bien n’est-ce pas ? Heureusement pour tes nuits tu demeures loin du bruit des obus. Quant à moi, je devrais dire : à nous, car Mme Charles a passé comme moi sa nuit à écouter les détonations. Nous avons très peu et très mal dormi. Il est impossible en effet de se soustraire à l’émotion nerveuse que cause ce bruit menaçant plus formidable encore dans le silence et dans l’obscurité de la nuit. Le jour le courage et la confiance se doublent par la présence des vivants et par la lumière du bon Dieu. Heureusement que les petits enfants ont bien dormi. J’ai vu Mme Charles tantôt qui venait m’apporter les cartes de visites dont tu l’avais chargée de te faire faire. Je les ai payées tout de suite, c’est dix francs. Sans reproche avec la bouillotte d’hier cela fait 14 F. 10 sous que j’ai dépensés pour toi. Mme P. Meurice m’a envoyé ce matin un très beau et très bon couvrepied que j’ai fait portera tout de suite à la bonne mère Lanvin plus un petit jouet de la part de Petit Georges au petit-fils Lanvin [1]. Le tout a été accueilli avec reconnaissance et avec enthousiasme par la pauvre femme et par le petit enfant. J’en étais là de mon compte rendu quand la régisseuse est venue me dire qu’on ne pouvait plus nous nourrir à partir de demain à moins de huit francs par jour [2]. Après beaucoup de résistance inutile de ma part j’ai dit que je te soumettrais la question que toi seul pouvaisb résoudre. Je suis triste de n’avoir que cette [illis.] nouvelle à t’apprendre, moi qui n’avais jamais rien que d’aimable, de bon, de doux, de charmant et de tendre à te dire.

MLVH Bièvres, 130-8-LAS-VH 32 a, b et c
Transcription de Gérard Pouchain

a) « porté ».
b) « pouvait ».

Notes

[1« Envoyé une couverture à Mme Lanvin. Petit Georges a envoyé un joujou au petit Lanvin. » (Victor Hugo, Carnet, 11 janvier 1871).

[2« Le Pavillon de Rohan me demande, à partir d’aujourd’hui, 8 francs par tête ;pour le dîner, ce qui avec le vin, le café, le feu, etc., porte le dîner à 13 francs par personne. » (Victor Hugo, Carnet, 12 janvier 1871).

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