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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 mai 1856

Guernesey, 30 mai 1856, vendredi midi

J’espérais que tu viendrais avant ton déjeuner, mon bien trop aimé petit homme, mais je me suis trompée comme cela m’arrive presque toujours quand le désir de te voir me fait devancer l’heure à laquelle tu dois venir. Maintenant je vais tâcher de t’attendre tranquillement ; et, quand il plaira à ton travail et à tes affaires de te permettre de venir, j’en serai bien heureuse.
Je croyais en avoir fini pour quelque temps du mal de tête mais il m’a repris ce matin plus hideux que jamais. J’aurai de la chance si cela ne me joue pas un mauvais tour un de ces quatre matins. En attendant la stupide Suzanne trouve charmant de perdre la clef d’une chambre qui contient tous mes penaillons, ce qui m’oblige à en faire faire une autre tout de suite. Outre l’ennui d’avoir affaire aux ouvriers guernesiais il y a celui de jeter deux ou trois chelins [1] par la fenêtre. Tout cela joint au temps plus que grimaud qui agit sur mes NERFES d’une façon agaçante je suis assez mouzon et il ne faudra rien moins que votre cher petit museau pour me dérider et me ragoûter le cœur et l’âme. En attendant je bisque, je rage et je vous aime. Tenez-vous le pour dit depuis la tête jusqu’aux pieds et tâchez de ne pas venir AVANT SIX HEURES du soir.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 160
Transcription de Chantal Brière

Notes

[1Orthographe francisée de « schilling ».

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