Guernesey, 15 juillet [18]64, vendredi [soir ?], 10 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, je t’aime, et toi ? J’ai eu beau regarder la balustrade de ton balcon, je n’y ai rien vu [1]. Peut-être n’auras-tu pas voulu commencer ce doux signal un vendredi. Quant à moi je n’ai pas peur de t’aimer tous les jours et à toutes les dates pour me porter bonheur. J’espère que tu as passé une bonne nuit sans lacunes et sans mauvaise [illis.]. Quant à moi j’ai [illis.] d’interrompre un bon sommeil pour prendre la drogue de Corbin dont j’ai encore le cœur tout affadi et l’estomac à l’envers. Je ne sais pas si c’est son intention que je prenne d’affilée les cinq doses [illis.] mais mon instinct de conservation y répugne profondément. C’est donc aujourd’hui que nous [illis.] cette fameuse promenade dédiée à Suzanne ! [Illis.] ne sera [illis.] voilà une, de Suzanne enguignonnée. Du reste il a fait un temps à [illis.] tout vif. J’ai envoyé savoir des nouvelles de Mme Marquand. La nuit a été meilleure qu’on ne s’y attendait d’après ce qu’en avait dit son mari hier soir à Suzanne. Il était venu pour nous voir mais il n’a pas voulu s’attarder à venir nous rejoindre sur la pitié. C’est demain que commence [illis.] de [lait ?] ; espérons que la pauvre femme la supporte aussi bien que sa couche. Tu m’avais promis de me faire faire ton café et jusqu’à présent tu ne me mets pas à l’œuvre. Ce serait pourtant mon plaisir et mon bonheur que de faire quelque chose pour toi, si peu que ce soit, est ce que c’est vraiment impossible ? J’espère que non, il suffit que tu veuille bien t’y prêter. Je t’aime.
BnF Mss, NAF 16385, f. 189
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette