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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 décembre [1838], mardi soir, 8 h. ¾

Mon bon petit bien-aimé, je pense à toi, je t’aime je te désire je t’adore et même je t’attends car en me quittant tu m’as presque promis de me mener à Ruy Blas, ce qui serait une double joie pour moi. Je n’ose plus te prier de me donner ce plaisir-là depuis que tu as eu lesprit de faire une jalousie d’un désir et d’un besoin d’admirer ta plus belle pièce mais il ne faut pas pour cela croire que je ne sois par toi privée de ne plus aller à Ruy Blas chaque fois qu’on le donne. Au reste j’aime mieux encore ta tranquillité à mon plaisir et tant que tu ne voudras pas que j’aille au théâtre, je me résignerai. Nous avons fait aujourd’hui de fameuses emplettes et bien nécessaires et tu as mis à tout cela une grâce charmante ; il est impossible, mon adoré, d’être plus doux et meilleur que toi. J’espère, mon amour, que vous me donnerez ma revanche cette nuit. Je ne suis pas contente du touta si vous croyez. D’ailleurs, je tiens à justifier l’opinion que MONSIEUR RICHI a sur la femme : « Les hommes disent des bêtises et les femmes en font. » Je suis très contente, mon Toto, du parti que tu as pris de faire relier ce que tu as pu trouver des livres de poésie. C’était presque indispensable, surtout à cause de Mme Krafft qui attend depuis le mois de janvier passé, à qui nous devons des services et qui d’ailleurs n’a pas un esprit bien droit. Tout est pour le mieux et je le répète, mon Toto, tu as été bon et charmant dans tous nos petits tripotages. Il ne te reste plus pour te [ illis.] que de venir tout de suite et de revenir cette nuit…………..b
Oui, oui, oui, voilà !!!!!!!! autant que de points suspensifs et de points d’exclamation. Voilà mon programme. Tu ne t’es pas lavé les yeux aujourd’hui, mon Toto, et cela me tourmente car tu as été dans la poussière et dans le brouillard. Pauvre âme de mon âme, je t’aime plus que tu ne peux le désirer. Je t’aime comme tout ce qu’il y a de plus adorable de plus ravissant.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 224-225
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Gérard Pouchain

a) « du du tout ».
b) Les points de suspension courent jusqu’au bout de la ligne.

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