Guernesey, 28 décembre 1857, lundi, 11 h. du matin
Je suis bien contente de t’avoir vu en bonne santé, mon cher petit homme, mais je le serai encore, et de plus en plus, si tu reviens bien vite auprès de moi et pour plus longtemps. La saison est mélancolique et ton absence permanente n’ajoute pas beaucoup de [gaieté ?], donc si tu veux que mon horizon s’éclaircisse et que mon cœur s’épanouisse il faut m’apporter ton soleil. En attendant je vais et je viens du haut en bas de mon logis comme un âne en peine et je broie du noir tant que je peux. Il est probable que D. viendra m’apporter la [sa ?] réponse à mon invitation aujourd’hui. Je sais d’avance qu’il [accepte ?] avec toutes [illis.] de fariboles empressées qui ne prouvent rien, AU CONTRAIRE, sur la sincérité [de ses sentiments ?], [illis.] il est tiré, il faut le boire tant pire si [leur ?] goût ne nous [ illis.] désagréable comme dit sentencieusement Suzarde qui NAZARDE [plusieurs mots illisibles], ne fût-cea que pour avoir le [illis.] et la perfidie et la chance d’avoir bonne [plusieurs mots illisibles] SAUCIALE plus ou moins [illis.]. En attendant je me tiens sur mes gardes quitte à fermer ma porte et ma marmiteb au moindre indice de BLAGUE [FRATERNELLE ?]. Sur ce baisez-moi, aimez-moi [illis.]
Juliette
BnF, Mss, NAF 16378, f. 238
Transcription de Chantal Brière
a) « fusse ».
b) « marmitte ».