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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 juillet [1838], vendredi matin, 10 h. ½

Bonjour, mon cher petit homme chéri. Je vous aime, vous êtes bien bon, bien I et bien charmant. Je vous adore. J’attends avec impatience la page sortie de mon encrier. Ça doit être bien beau, je voudrais déjà la tenir. D’abord, parce que ce serait une preuve que tu as fini et que tous nos MAUX [1] ne le sont pas puisque nous gardons le dernier pour la bonne bouche. Mon bon petit o chéri, je t’aime va, tu ne le sauras jamais bien parce que les occasions me manquent mais je t’aime de toute mon âme. Tâche de venir un peu ce matin et puis si tu peux, dans la journée, nous irons reconduire Claire pour qu’elle ne manque pas sa leçon de piano. Tu auras bien chaud, mon pauvre homme, si tu erres aujourd’hui. On cuit dans les chambres, à plus forte raison dans les rues. Je ne me plaindrais pas si nous étions ensemble sur les grandes routes avec Pierre, [illis.] ou François ou Nicolle ou un simple constructeur de diligence.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 49-50
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain


13 juillet [1838], vendredi soir, 7 h. ¾

Mon cher petit homme, nous savons que vous ne nous mènerez nulle part ce soir et nous ne vous en voulons pas le moins du monde. Sommes-nous BONNES ! Il fait doux ce soir, il n’y a pas une bouffée d’air, c’est à se croire dans un court-bouillon, quanta à moi, je suis passée de l’état de toucan à celui d’écrevisse, ainsi que vous le pouvez voir. Si j’avais su tantôt que le Desmousseaux jouait ce soir, je ne vous aurais pas demandé à y aller (chez Mme Pierceau). VOUS ÊTES UNE BÊTE. Jour Toto, jour mon petit o, il fait aussi chaud que le jour où nous sommes allés à Rambouillet, chacun dans son RANG bouillait. Je voudrais bien être encore ce soir, avoir aussi chaud et me promener avec vous sous les grands arbres autour de la pièce d’eau en poussant mon hurrahb favori. QUEL BONHEUR !!! Hélas !......... ! c Ils sont passés ces jours de fête [2] et Dieu sait s’ils reviendront jamais. Cependant, je ne t’ai jamais plus ni mieux aimé qu’à présent et jamais je n’ai eu tant le besoin d’être avec toi, rien qu’avec toi. Je t’aime tant et si bien que le bon Dieu nous doit un petit voyage cette année.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 51-52
Transcription de Sandra Glatigny assistée de Gérard Pouchain

a) « quand ».
b) « hurah ».
c) Le trait court entre les deux points d’exclamation et occupe toute la ligne.

Notes

[1Jeu de mots : Victor Hugo a promis à Juliette de l’emmener à Meaux.

[2« Ils sont passés ces jours de fête, ils sont passés, ils ne reviendront plus » : ariette du XVIIIe siècle. « Ils sont passés ces jours de fête » est aussi le titre d’une lithographie de Philipon publiée vers 1830.

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