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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 3 octobre [18]73, vendredi, 3 h. de l’après-midi

Je te remercie, mon bon, mon cher trop aimé, de la peine que tu te donnes pour me tranquilliser en développanta devant moi toutes les raisons de sécurité, parmi lesquelles le souci de ta gloire et de ta santé entrent pour une si grande part qu’il en reste à peine une autre pour rassurer mon pauvre cœur inquiet, triste et malheureux. Quand je pense que mon bonheur, c’est-à dire ton amour, dépend du plus ou du moins de confiance dans ta force physique, de ton plus ou de ton moins de platonisme avec les nombreuses créatures qui s’offrent à toi jour et nuit, en vérité j’ai peur et je voudrais n’être plus ou n’avoir jamais été de ce monde. Je veux encore moins, Dieu le sait, recommencer à te tourmenter en me tourmentant ; ce serait mal reconnaître ta bonté et ta loyauté envers moi et je m’efforce en ce moment d’éteindre en moi cette flamboyante passion qui me brûle l’âme depuis trop longtemps. Le jour où elle ne sera plus que cendre, ce jour-là, mon grand adoré, tu pourras laisser les portes de ta maison toutesb grandes ouvertes sans craindre les rencontres et les hasards heureux ou malheureux qui vont et viennent dans ta vie comme dans une place publique. Jusque là, je continuerai de t’aimer et de te bénir comme le meilleur et le plus grand et le plus sublime des hommes.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 279
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

a) « développement ».
b) « tout ».

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