Guernesey 25 mai [1873], dimanche matin, 7 h. ½
J’espère, mon bien-aimé, que la présence du Torchon radieux veut dire que tu as passé une bonne nuit et que tu te portesa bien ce matin ? Je voudrais pouvoir t’en dire autant de moi puisque tu as la bonté de t’y intéresser mais la vérité m’oblige à t’avouer que je suis encore très patraque ce matin. Depuis deux jours je suis, sinon malade, cela ne va pas jusque là, mais très mal en point et très fatiguée. Je ne t’en parle que parce que ta sollicitude m’y oblige. Autrement j’aimerais mieux oublier mes misères que de m’y apesantir. Je compte sur ta douce vue tantôt et sur la promenade pour me ravigoterb et me remettre sur pattes. Jusque là j’achève d’user mon mal le plus vite que je peux. Dites donc, Môsieu, je t’adore : attrapéc !
BnF, Mss, NAF 16394, f. 154
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette
a) « porte ».
b) « ravigotter ».
c) « attrappé ».