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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 mai 1873

Guernesey 17 mai [18]73, samedi, 8 h. du m.

Si ta nuit, si ton pied, si ton cœur sont comme je l’espère et comme je le désire, je te souris, je te bénis et je t’adore. Quant à moi, je continue de te donner le bon exemple en toute chose, physique et morale, puisque je dors comme un loir, que je me porte comme le Pont Neuf [1] et que je t’aime à plein collier. Le temps s’est fort adoucia ce matin ce qui n’est pas un mal pourvu que cela ne dégénère pas en pluie tantôt. Je fais déjà mes préparatifs de promenadeb pour nouer ensemble les deux bouts de mon bonheur et de mon devoir du samedi et du marché. Dès que je pourrai t’envoyer Suzanne sans te déranger, toi ni tes gentes, je le ferai. Tâche de m’envoyer de bonnes nouvelles en échange des miennes.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 143
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « adoucie ».
b) « pronade ».


Guernesey 17 mai [18]73, samedi, 9 h. ½ du m.

Je suis bien heureuse, mon grand adoré, que tu aies bien dormi et que ta pauvre patte aille tellement de mieux en mieux qu’il est permis d’espérer que d’ici à deux ou trois jours tu seras tout à fait en état de courir et de piaffer comme un jeune poulain. En attendant je te recommande la patience et la prudence. J’aurais besoin pour moi-même de beaucoup de patience pour supporter sans maugréer les diverses évolutions des maçons autour de ma maison. Dans ce moment il pose les échafaudages devant les fenêtres de ma chambre que je suis obligée de tenir fermées pour échapper aux nuages de poussière que ce genre de travail engendre afin de les mieux surveiller pendant cette périlleuse opération. Je viens d’écrire à Mme Lacroix [2]. Pauvre femme ! Je regrette qu’il ne soit pas possible de faire quelque chose pour elle car je n’oublierai jamais qu’à un moment très critique de ta vie elle s’est dévouée autant qu’elle l’a pu. Malheureusement je reconnais que ce qu’elle demande est impossible en ce moment.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 144
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

Notes

[1L’expression « se porter comme le Pont Neuf » est une expression toute faite. Le Pont Neuf est le plus vieux pont de Paris mais qui reste en très bon état, d’où cette expression qu’utilise Juliette.

[2Emilie Lacroix de Montferrier a hébergé Juliette et Victor Hugo pendant les jours où ce dernier était recherché par la police, en décembre 1851, pour sa résistance au coup d’État.

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