Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1836 > Mai > 31

31 mai [1836], mardi, 2 h. ¾

Cher adoré, vous avez oublié le griffonnage que je vous avais fait avec mon cœur hier au soir, ce qui prouve combien peu vous prenez garde à toutes les démonstrations d’amour que je vous fais. Aussi je suis découragée de vous en faire parce quea je sais bien que je suis bête comme une oie et puisque vous ne m’aimez pas, tout ce que je dis doit vous paraître insipide. Vous pensez bien, mon cher bien-aimé, que ce n’est pas l’amour-propre qui souffre, je n’en ai pas et je n’en aurai jamais devant vous, je vous reconnais pour mon soleil et moi pour la laitue plus ou moins pommée qui pousse sous ses rayons. Mais votre divinité une fois dépouillée, vous n’êtes plus que mon cher petit amant dont j’ai le droit d’être jalouse et Dieu sait si j’en use. Or, je crois que vous ne m’aimez pas ou si peu que ça ne va pas jusqu’à avoir le dévouement de lire mes élucubrations [illis.], comme vous dites, eh bien c’est triste et très malheureux et je suis très à plaindre.
Jourdain est venu tout à l’heure toucherb ses 50 F. Il attendra pour la vérification susdite tout le temps qu’il nous plaira.
La portière m’a rapporté votre gant que vous aviez laissé tomber dans les escaliers. Je lui ai remis 5 F. pour la peine, on ne saurait trop récompenserc la probité.
Je vous aime, vilain Toto, quoique vous ne le méritiez pas.

J.

BnF, Mss, NAF 16327, f. 108-109
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

a) « parce ».
b) « touché ».
c) « récompensé ».


31 mai [1836], mardi soir, 7 h. ¾

Cher petit homme chéri, quoique vous soyez le plus dédaigneux des hommes, je vous donne mon cœur, ma vie, ma pensée, mon âme. Prenez-les s’il vous plaît car je n’en saurais que faire si vous n’en vouliez pas. J’ai joliment travaillé aujourd’hui, à peine ai-je eu le temps de me débarbouiller. J’ai un mal de tête sterling. J’ai la tête comme dans un étau. C’est très bête. Je viens de chercher [un ?] journal. Je n’ai pas trouvé le Vert-Vert [1]. Vous m’avez frustréea du Vert-Vert, vous êtes un scélérat et je n’ai pas besoin de perdre mon temps à vous aimez si vous vous conduisez de la sorte. Je n’ai pas encore dînéb telle que vous me voyez.

BnF, Mss, NAF 16327, f. 110-111
Transcription d’Isabelle Korda assistée de Florence Naugrette

a) « frusté ».
b) « diner ».

Notes

[1Le Vert-Vert était un petit quotidien fondé le 5 septembre 1832, spécialisé dans la chronique des spectacles parisiens et la vie littéraire. Il était dirigé par Anténor Joly. Victor Hugo y écrivit plusieurs articles.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne