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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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9 avril [1847], vendredi matin, 9 h. ¼

Bonjour, mon petit Toto, bonjour, mon printemps, bonjour je t’aime comment que ça va ? Il fait un temps délicieux, au vent prèsa, est-ce que je ne pourrai pas aller te chercher ce soir à la Chambre ? J’en ai bien envie, pourtant je ne ferai que ce que tu voudras. Si tu y vois la moindre gêne ou le plus petit inconvénient je n’insiste pas. Je veux te donner par cette soumission la preuve infinie de ma confiance et de mon amour. Il y a des moments où cette preuve me serait impossible malgré tout mon amour : aujourd’hui elle ne m’est que difficile, non parce que je me défie de toi, mais parce que j’ai bien besoin de te voir à tous les instants de ma vie. Aussi si tu peux me laisser aller te chercher ce soir je serais bien heureuse.
Cher petit bien-aimé, quelle bonne journée tu m’as donnée hier. J’aurais voulu qu’elle ne finît jamais. Il est probable que tu auras retrouvé tout ton monde chez toi en rentrant cette nuit. Je comprends de reste leur empressement à revenir et à leur place rien ne pourrait me décider à sortir de la maison tant que tu y serais. Mon Victor si tu savais combien et comment je t’aime tu en serais ébloui. Je t’adore.

Juliette

MVH, α 7878
Transcription de Nicole Savy

a) « prèt ».


9 avril [1847], vendredi, midi ¾

Je t’attends, mon doux bien-aimé, je pense que tu viendras baigner tes yeux adorés avant d’aller à la Chambre et j’ai tout préparé pour cela. En même temps tu me diras si je peux aller te chercher tantôt. Je n’ose pas m’y fier de peur d’en être pour ma trop courte fausse joie. Du reste je ne te tourmenterai pas et je me fais d’avance la raison de penser que si tu me refuses ce bonheur c’est que cela ne se pourra pas. Ce n’est pas après la bonne journée d’hier que j’ai le triste droit d’être grognon et méchante. Aussi ne le suis-je pas. Je désire te voir puisque c’est le besoin incessant de ma vie mais j’aurai du courage si tu ne peux pas m’accorder ce bonheur aujourd’hui.
Quand donc me donneras-tu à copire ? Voilà bien longtemps que j’attends et bien longtemps que tu me fais espérer. Je commence à désespérer à la fin. Dépêchez-vous donc un peu plus vite que ça, non à travailler, puisque vous ne vous arrêtez pas ni le jour ni la nuit, mais à me donner de la copie. Sinon j’en prendrai à même. Ah ! mais plume affamée n’a pas d’oreilles et Juju non plus. Vous savez de quoi on est capable quand on tire la langue jusqu’à la cheville. Prenez-vous en à vous de mon [accès  ?].

Juliette

MVH, α 7879
Transcription de Nicole Savy

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