Paris, 18 avril [18]77, mercredi matin, 11 h. ½
Cher bien-aimé, après le compte rendu de ta très intéressante correspondance de ce matin, j’éprouve le besoin égoïste de te dégoiser un peu de mon cœur au courant de la plume et dare-dare car je suis en retard de mes occupations habituelles, grâce à une heure de paresse que je me suis voluptueusement octroyée ce matin. Le petit frisquet qu’il fait depuis deux jours m’y a poussée mais je me le reproche déjà et je n’y persisterai plus. En attendant, je ne sais toujours pas à quoi m’en tenir pour ce soir, n’ayant entendu parler de rien ni de personne. Dans le doute je m’abstiens, au risque de tomber en plein dans le chiffre 13 ! Malheureusement ; cette fois je n’aurai pas la ressource d’envoyer dîner au restaurant mon cher petit Louis [1] comme je l’ai déjà fait dimanche dernier. Enfin, au petit bonheur. Il sera toujours temps d’aviser, le cas du 13 étant dûment avéré. En attendant, mon cher petit grand homme, j’espère en la bonne chance que tu as coutume de donner à tous ceux qui comme moi t’aiment et ont confiance en Dieu à travers toi.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 108
Transcription de Guy Rosa