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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 13 avril 1877, vendredi midi

Cher grand bien-aimé, je t’aime, je t’aime, je t’aime, avec d’autant plus d’indiscrétion que je me tiens à distance pour ne pas te gêner dans ton prodigieux coup de feu d’où sortent les étincelles et les flammes de ton génie, aussi resplendissantes que les soleils et les étoiles du bon Dieu. Pour ma part, je voudrais savoir aussi ce qu’en penseraient à leur tour, s’ils vivaient, « Laharpe, Colardeau dans le café Procope » [1]. Quant à moi, je suis éblouie et ravie jusqu’à ne plus trouver de mots pour exprimer mon admiration et mon adoration. Je t’aime, je t’aime, je t’aime, voilà tout. Tu m’as promis de me faire sortir tantôt dès que Lecanu sera parti et je t’en remercie de tout mon cœur, mais je doute que tu aies assez de temps pour tenir ta promesse et je m’y résigne d’avance, et d’autant plus que j’ai à collationner avec Lesclide. Demain nous n’aurons personne à dîner et s’il te plaisait de me mener au cabaret ce serait charmant en même temps que cela donnerait un peu de répit à nos gentes. Et puis tu feras ce que tu voudras de ma proposition, pourvu que tu m’aimes je me fiche de tout.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 103
Transcription de Guy Rosa
[Souchon]

Notes

[1Juliette contamine deux vers de L’Art d’être grand-père. L’un appartient au poème IV, 1, « Le comte de Buffon fut bonhomme, il créa… » : « Ce point juste où Laharpe arrête Colardeau » ; l’autre est le dernier du poème IV, 5, Encore Dieu mais avec des restrictions : « Nonotte et Baculard dans le café Procope ».

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