Paris, 13 mars [18]77, mardi midi
Tu as passé une bonne nuit, je t’en remercie, je te souris et je te bénis, mon grand bien-aimé, avec l’espoir que tu en passeras d’autres meilleures encore.
Je t’ai fait demander beaucoup d’argent ce matin, voici pourquoi :
note de la toile cirée …………………….69 F.
mois de Rosalie………………………….50 F.
bougie………………………………...…16 F. 80
eau d’Orezza [1] et St Galmier…………..….4 F. 60
eau de menthe………………………....…2 F.
balai de chiendent………………….….....3 F. 50
sirops……………………………………15 F.
glaces…………………………………....12 F.
confitures assorties…………………..….21 F. 50
___
194 F. 40
J’ai reçu 260 F., reste 65 F. 60 sur lesquels j’ai donné pour le marché aujourd’hui 60 F. Tu vois, mon cher grand homme, ce que devient entre mes mains l’argent que tu m’envoies. Êtes-vous content, Môsieu ? Notez que toute cette dépense est faite moitié par Mariette, moitié par Rosalie dont les notes et le livre toujours présents font foi. Et à ce propos, je te fais souvenir que tu as à payer la maison Rousselle, pour fourniture de cognac et de rhum, un traite de 582 F. 95 le 28 de ce mois. Les vins de Médoc et de Madère touchent à leur fin, de là nécessité d’en commander tout de suite si tu juges nécessaire de n’en pas manquer. Et puis des riens à foison : mon corps, mon cœur, mon âme, dont tu peux faire litière.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 75
Transcription de Guy Rosa