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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 14 novembre 1854, mardi après midi, 2 h. ¾

J’ai repris enfin mon petit train-train habituel, mon cher petit homme, et je m’en trouve bien. La régularité un peu monotone de ma vie me semble d’autant plus agréable que je l’interromps quelquefois par des petits excès de joie et de goinfrerie dont tu es le héros. Aussi, si tu voulais me donner un jour sur quinze assidûment, ma solitude, loin de me peser, me deviendrait une sorte de recueillement doux et charmant pendant laquelle mon âme repasserait tous tes sourires, toutes tes taquineries étincelantesa et toutes tes séductions coquettes envers les prima donna et les révélations sublimes que tu apprends à tous ces pauvres démagogues de la proscription dont tout l’esprit et toute la science sont contenus en dix lettres : république. Les frais de premier établissement sont toujours les plus grands, comme tu sais, et la crémaillère, proprement dite, coûte à elle seule plus que tout le reste. Aussi ma petite croustillerie de quinzaine ne demanderait aucune nouvelle contribution de ta part. L’honneur de votre appétit, voilà tout ce que je demande. Est-ce donc trop exiger de votre courtoisie et de votre générosité. Répondez et venez le plus tôt possible car je suis impatiente de frotter mon nez à votre auguste piffe. En attendant je vous remercie de la bonne petite rentrée que vous avez faite chez moi hier au soir et je vous en rebaise de reconnaissance.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 383-384
Transcription de Chantal Brière

a) « étincellantes ».

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