Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1854 > Juin > 7

7 juin 1854

Jersey, 7 juin 1854, mercredi soir, 6 h.

Je ne veux pas que tu te méprennes sur la véritable cause de mon silence, mon cher bien-aimé, voilà pourquoi je te fais cette tardive restitus ce soir. Sans savoir pourquoi, je suis triste et irritable, mon cœur et mon corps sont en proie à un malaise vague très en harmonie avec le temps aigre et maussade d’aujourd’hui mais fort peu harmonieux pour toi, mon pauvre doux adoré. Aussi je m’étais imposé la punition de ne pas t’écrire aujourd’hui, mais voilà que je me ravise comme une bonne Juju que je suis tout au fond de mon âme. Je t’aime trop pour tenir parole à ma méchanceté et puis je crains par dessus tout que tu n’attaches trop d’importance à ces petites variations de température de mon caractère qui tiennent probablement à la saison de la vie dans laquelle je suis, hélas !
Maintenant que je t’ai donné l’explication de ma première résolution, je n’ai plus d’autre désir que de te voir arriver au risque de mettre en guise de baiser et de signature la phrase sacramentelle employée pour les dépêches télégraphiques : — interrompue par le… soleil. Mais vous ne viendrez pas et force me sera de griffouiller cette page jusqu’au bout. Ah ! bien je m’y résigne. Le plus attrapéa en somme ce ne sera pas moi surtout si vous avez la bonasserieb de lire ce document depuis le commencement jusqu’à la fin. Oh ! prenez garde il y a des maisons.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 219-220
Transcription de Chantal Brière

a) « attrappé ».
b) « bonnasserie ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne