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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 mai [1838], jeudi matin, 11 h. ½

Bonjour mon petit homme, bonjour mon cher petit homme, bonjour méchant et vieux petit homme. À quoi que ça vous avance de ne pas venir la nuit ? Je le dirai à tout le monde pour vous faire honte. Fi ! Que c’est vilain ! Vous remueriez votre nez d’ici à demain que je ne vous baiserais pas. Je me sens un peu défatiguée ce matin, j’en avais besoin car hier je ne me tenais ni sur les pieds ni sur la tête. Il fait bien beau aujourd’hui. Si nous étions bien riques [1], je vous aurais forcé à me mener dîner aux Marronniers [2]. Malheureusement mes fonds ne me permettent pas d’exercer sur vous aujourd’hui une pareille tyrannie. Jour mon petit homme, vous l’échappez belle n’est-ce pas ? Je vous aime mon Toto c’est bien mal à vous de ne pas employera cet amour si tendre et si vrai à autre chose qu’à vous attendre. Je vous aime, je vous aime, je vous aime. Donnez-moi votre petite patte que je la baise. Je voudrais bien vous voir, venez bien vite et je vous pardonne tous vos trines. Je suis trop bonne et je vous aime trop.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 212-213
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « emploier ».


31 mai [1838], jeudi soir, 6 h.

Je vous écris de bonne heure mon petit homme afin d’être en mesure, dans le cas où vous seriez assez gentil pour venir me chercher, ce que je ne crois pas à vous dire le vrai. Prenez garde mon amoureux qu’il ne vous crève plusieurs nuages SUR LA BOSSE. Si vous étiez prudent vous viendriez chercher un parapluie. J’aurais le plaisir de vous le déboutonner et de vous baiser sur les dents, ce qui n’est pas indifférent. Je suis crottée jusqu’à l’échine quoique je me sois retroussée bien au dessous de la cheville ce qui est fort extraordinaire, n’est-ce pas mon petit bête ? Je vous aime, allez je vous aime trop. Jour To, Jour. Pensez à moi, aimez-moi et venez me chercher et puis si [illis.] vous fait peur, je l’ôterai, voilà tout. Je t’aime mon cher adoré, c’est bien vrai. Je t’aime de toute mon âme, je te désire ardemment, j’ai faim et soif de toi, c’est bien bon de t’aimer comme cela mais c’est bien triste de te voir si peu. Je t’adore mon amour chéri.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 214-215
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

Notes

[1« Riques » pour « riches » : prononciation de français régional (Pays de Caux et Picardie).

[2Les Marronniers étaient un restaurant réputé de Bercy.

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