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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 mai 1838

27 mai [1838], dimanche matin, 11 h. ½

Bonjour mon petit homme chéri. Il paraît que ton hideux serrurier t’a encore manqué de parole ? Il est bien adroit et bien exact. Je suis levée depuis quelque temps mais j’avais si mal aux pieds que j’ai été forcée de les laver et de les ratisser dans tous les sens pour me soulager et avant de t’écrire. Tu ne m’en veux pas n’est-ce pas mon petit homme ? D’ailleurs, je n’ai pensé qu’à toi et je t’aime de toute mon âme. Décidément la sapeau et le petit bonhomme radotent car il fait très beau. Ça ne m’empêche pas d’avoir mal à la tête. J’aime mon Toto. J’aime mon Toto. Je ne sors pas de là. Je voudrais bien savoir ce qu’il fait, mon Toto, où il est et ce qu’il pense. Je voudrais le voir pour le baiser, le caresser et l’adorer. J’aime Toto !
On te joue peut-être aujourd’hui ? Si cela était tu serais bien bon de m’y mener, n’importe à quel théâtre et n’importe à quelle de tes pièces. J’ai besoin d’entendre de belles choses. J’ai besoin d’admirer pour employera le trop plein d’adoration et d’amour qui est plus gros que moi et qui m’étouffe. Jour Toto. Je baise tes petites mains.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 196-197
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « emploier ».


27 mai [1838], dimanche soir, 11 h.

Que deviens-tu mon amour, que je ne te vois pas ? Comment va ton cher petit menton et tes pauvres beaux yeux ? Depuis que tu es parti mon bien-aimé, mon âme va sans cesse de toi à mon amour et de mon amour à toi. J’ai fait bien du chemin car je ne me suis pas reposée. Je voudrais bien te voir pour me rafraîchira la bouche et les yeux que j’ai brûlants à force de t’aimer dans le vide.
Je sais que tu as rencontré la mère Pierceau. Je crains que ce ne soit elle qui soit la cause de ton absence infiniment trop prolongée, ce qui fera que je ne voudrai plus qu’elle vienne du tout, ni aller chez elle. Mon bon petit homme adoré, quand viendras-tu, quand te verrai-je, quand serai-je heureuse ? Je t’aime mon Victor bien aimé. Je voudrais avoir toutes les bouches du monde pour te le dire. Je les emploierais nuit et jour à cela et il m’en resterait encore autant à te dire parce que mon amour est infini comme Dieu.
Viens bien vite mon Toto. J’aurai bien soin de ta blessure et je t’adorerai bien.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 198-199
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « raffraichir ».

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