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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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15 mai 1838

15 mai [1838], mardi matin, 10 h.

Bonjour mon cher petit homme bien aimé. Comment vas-tu ? Tu n’as pas eu froid cette nuit ? En ouvrant mes croisées tout à l’heure, j’ai senti que l’air était vif et j’ai pensé à toi, mon amour, qui as peut-être passé toute la nuit à travailler, mon Victor bien aimé, je ne sais pas te dire à quel point je t’aime parce que je t’aime plus que les mots les plus passionnés ne peuvent l’exprimer. Je t’aime bien plus que de toute mon âme. Si tu savais, mon sublime Victor, comment je t’aime tu serais bien heureux car rien n’est plus vrai ni plus grand que mon amour. J’ai rêvé de toi toute la nuit. Je vais penser à toi tout le jour. C’est aujourd’hui mon grand remue-ménage et aujourd’hui que je vais [illis.] de la poussière à bouche que veux-tu. Comme c’est une corvée annuelle il faut la subir et puis je penserai à toi et je ne sentirai plus rien que mon amour. Je voudrais bien mon cher amour que tu puisses me mener chez Mme Pierceau ce soir pour essayer ma robe, car elle va chez Mme Triger demain et je ne sais plus quand j’aurai ma robe. Si tu peux m’y conduire, tu seras bien i. En attendant tu es beau et je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 152-153
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette


15 mai [1838], mardi soir, 10 h.

Mon petit homme, je vous aime, vous êtes un bon petit homme, vous prenez bien mes intérêts. J’ai des fameux émoluments, malheureusement je ne les toucherai que du jour de ma réception [1]. C’est très vexant, vous auriez bien dû exiger qu’on me paie une année d’avance avec laquelle année nous nous serions donné tout de suite un bon congé de deux mois sur la grande route. Mon pauvre adoré je t’aime du fond de l’âme. Mon pauvre bien-aimé je voudrais t’être bonne [à] quelque chose, avec quelle joie je le ferais. Je le désire nuit et jour, c’est la seule chose qui manque à mon amour, me dévouer pour toi, mais je t’aime. Je t’aime avec le cœur et les entrailles. Je suis bien lasse mon Toto. C’est que j’avais joliment trimé toute la journée. Tu serais bien bon de venir me chercher de bonne heure. J’ai hâte de me retrouver avec toi, j’ai soif de vous mon Toto et je vous préviens qu’il faudra me donner beaucoup à BOIRE et puis je t’aime et puis vous êtes mon amour. Je baise vos petits pieds dessus et dessous.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 154-155
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Juliette Drouet est engagée au Théâtre de la Renaissance.

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