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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er mai 1838

1er mai [1838], mardi matin, 10 h. ¾

Bonjour mon amour, bonjour ma joie. Comment vas-tu, comment m’aimes-tu et quand te verrai-je ? Je rêvais de vous tout à l’heure et je pleurais parce que vous ne m’aimiez pas. Aussi, je suis impatiente de vous voir pour savoir comment vous m’aimez en réalité. Je vous écris tout de suite une grande lettre pour être bien sûre de ne pas vous manquer dans le cas où nous irions à quelque feu d’artifice ce soir. Le temps n’a pas l’air très favorable à ce genre d’exercice et je pense que nous resterons chez nous d’ailleurs. Je suis très contente de vous écrire une grande lettre d’amour tout d’une haleine. Je ne suis pas comme un certain Toto de mes amis qu’il faut prier six mois pour obtenir une petite lettre qui n’arrive jamais. Si par hasard vous le connaissez aussi je vous prie de lui en faire mes compliments très sincères.
Bonjour nono. J’ai mes comptes de fin de mois à faire. C’est bien embêtant mais il le faut sans cela vous me donneriez mon COMPTE si je ne vous rendais pas les vôtres. Il fait un fichu temps pour la fête de Louis-Philippe, ceta affreux vieux bonhomme n’a que ce qu’il mérite et je voudrais qu’il plût à seaux toute la journée pour le punir d’être une vieille bête encroûtée, entêtée et stupide. Je ne suis pas forcée de l’aimer moi après tous les tours qu’il nous laisse faire, j’ai le droit de le trouver laid, vieux et gros et bête. Je voudrais être à demain pour voir ma cheminée perfectionnée. Je suis sûre qu’elle gagnera de moitié à ce petit arrangement. Avouez que je suis une femme TRÈS SPIRITUELLE comme on n’en voit guère, comme on n’en voit pas. Je vous dégotte en tout excepté en froideur et en indifférence où vous êtes d’une supériorité rare. Enfin c’est votre genre à vous, il faut bien le prendre ou le laisser et comme je ne veux pas le laisser, je le prends. Je vous aime Toto. Je t’adore mon Toto bien aimé. Tu ne t’en soucies plus mais moi je t’aime plus que le premier jour. Je ne pense qu’à toi. Je ne désire que toi. Tu es toute ma vie et toute mon ambition.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 100-101
Transcription d’Hélène Hôte assistée de Florence Naugrette

a) « c’est ».

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