Paris, 11 mars 1880, jeudi matin, 8 h.
Dormez, mes chères amours, c’est le refrain d’une vieille chanson de mon enfance [1] et que je répète ce matin, après avoir baisé ton grand front rafraîchia par l’air de ton jardin. J’espère que ta bête de petite indisposition n’aura pas de suite. Ce n’est d’ailleurs qu’un effet de printemps ressenti par toute ta maisonnée, moi comprise. Je viens d’envoyer ta lettre et ton chèque à Mme Chenay. Maintenant je te demanderai ce que tu décides à propos des réparations de ma maison [2] pour celles qui urgent, comme pour celles qu’on peut ajourner, ou ne pas faire du tout. Quoi que tu décides, je suis d’avance de ton avis ; seulement il faut prendre un parti afin que j’en donne avis à la mère Morvan tout de suite [3]. Il fait un temps de paradis ce matin, tu feras bien d’en profiter pour te lever assez à temps pour déjeuner avec nous. Ce sera une vraie fête de printemps et de famille, pour ma part j’en serai bien heureuse car je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 71
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « raffraichi ».